Le 1er mai, on célèbre une jolie tradition : offrir du muguet pour porter bonheur à ceux qu’on aime.
Mais derrière ses délicates clochettes blanches et son parfum printanier, cette plante cache un vrai danger pour nos animaux de compagnie. Chiens, chats, et même lapins : aucun n’est à l’abri ! Voici ce qu’il faut savoir pour profiter de cette journée en toute sécurité.
Les chats sont souvent les plus à risque d’intoxication au muguet : les bouquets sont généralement posés sur des meubles ou rebords de fenêtre facilement accessibles pour eux. Les chats d’intérieur, en particulier, ont tendance à jouer avec les plantes, voire à les mordiller.
Les chiens ne sont pas en reste, surtout les chiots, curieux de tout et prompts à attraper tout ce qui traîne.
Enfin, attention également aux lapins laissés en liberté dans les jardins : s’ils croisent du muguet en fleur, l’envie de grignoter peut vite devenir dangereuse.
Les molécules toxiques contenues dans le muguet sont des hétérosides cardiotoxiques qui peuvent avoir des effets très graves sur le cœur et le système digestif des animaux. L’intégralité de la plante est toxique, surtout la racine et les tiges. Le muguet fané ou séché reste toxique. L’eau du vase est également dangereuse.
Les doses toxiques sont très faibles, quelques feuilles suffisent à entrainer des symptômes chez le chat.
Les symptômes sont plus graves chez les animaux âgés, et jeunes.
Les premiers signes d’intoxication sont souvent digestifs : l’animal peut vomir plusieurs fois, saliver anormalement, et avoir la diarrhée, parfois avec du sang.
Ensuite, des troubles nerveux peuvent apparaître : agitation, démarche anormale, tremblements, pupilles très dilatées, et dans les cas graves, des convulsions.
Enfin, ce sont les effets sur le cœur qui deviennent les plus inquiétants : le rythme cardiaque peut ralentir fortement ou au contraire s’accélérer de façon irrégulière, avec des troubles parfois sévères.
On peut aussi observer que l’animal urine beaucoup plus que d’habitude.
Dans de rares cas, lorsqu’une grande quantité de muguet a été ingérée, l’intoxication peut être fulgurante et malheureusement entraîner le décès de l’animal, sans signes visibles préalables. Il est donc primordial d’agir sans attendre au moindre doute.
Le muguet est une plante toxique pour laquelle il n’existe pas d’antidote. C’est pourquoi la meilleure solution reste la prévention.
Mais si vous pensez que votre chien, chat ou lapin a mâchonné du muguet ou bu l’eau du vase, il faut agir vite : c’est une véritable urgence vétérinaire. Appelez immédiatement votre vétérinaire.
Si l’ingestion est récente, il pourra faire vomir votre animal et lui administrer les traitements adaptés. Une hospitalisation peut-être être nécessaire.
L’intoxication au muguet ne doit jamais être prise à la légère. Même en l’absence de signes visibles, une consultation rapide peut sauver votre compagnon.
En France, deux centres antipoison vétérinaires peuvent aussi vous conseiller par téléphone :
En cas de doute, ne tardez pas à contacter votre vétérinaire : une prise en charge rapide peut vraiment faire toute la différence.
Voici quelques réflexes simples à adopter pour protéger vos animaux :
Et si vous offrez du muguet à un proche, pensez à lui signaler qu’il est toxique pour les chiens et les chats, surtout s’il vit avec un animal curieux ou jeune !
Sources :
Emilie Marin, Toxicité des plantes pour les animaux (chiens, chats et chevaux), 2024.
Cours de toxicologie vétérinaire - VetAgro Sup
Centre Antipoison Animal et Environnemental de l'Ouest
03/06/2024 - Conseils du vétérinaire
Les maladies dentaires du lapin peuvent se développer à tout âge et sur n’importe quel individu. Pourtant, il existe de nombreux facteurs qui vont favoriserl’apparition de certaines de ces maladies et toucher préférentiellement certaines catégories de population.Tout d’abord, il est nécessaire de faire la différence entre les maladies d’origine congénitales et les maladies acquises. Dans le premier cas les problèmesdentaires font suite à une mauvaise conformation de la mâchoire ou de la qualité de la dent et touchent des individus plutôt jeunes (<1 an). Les maladies acquises se développe plutôt chez des individus d’âge moyen, entre 3 et 4 ans environ, et font suite à des anomalies chroniques dans l’entretien du lapin, etnotamment à une alimentation inadaptée. ❖ Un petit point sur la bouche du lapin.Le lapin est un animal hypsodonte, c’est-à-dire qui possède des dents avec une grande couronne dentaire et qui poussent en continue tout au long de la vie de l’animal. Le lapin est donc forcé d’user ses dents tout au long de sa vie pour que ce phénomène s’équilibre. L’usure régulière des dents est essentiellement permise par la mastication de fibres alimentaires avec des mouvements en rotation des mâchoires. L’alimentation joue donc un rôle central lorsqu’il s’agit de la santé des dents du lapin. Une alimentation pauvre en fibre va privilégier des mouvements masticatoires du haut vers le bas à l’origine d’une surpression sur les racines dentaires favorisant des anomalies de la pousse (déviation, agénésie, régression du bourgeon dentaire…) voire des infections des racines (infection simple, abcès, nécrose…).Sur chaque hémi-mâchoire supérieure, le lapin possède deux incisives (la principale et une petite vestigiale derrière), pas de canine (l’espace vide laissé par cette absence sur la mâchoire est appelé diastème), trois prémolaires et trois molaires. Sur chaque hémi-mâchoire inférieure, le lapin possède une incisive, pas de canine, deux prémolaires et trois molaires. Sur les races naines, chez qui le chanfrein est plus ou moins court, certaines de ces dents peuvent être atrophiées ou mal positionnées car la bouche est trop petite. De même, chez ces races, le prognathisme (mâchoires inférieures plus en avant que la supérieure et défaut d’affrontement des incisives) est une anomalie plus fréquente que chez les races au chanfrein plus long.❖ La malocclusion des incisives, maladie congénitale ou acquise ?La maladie dentaire congénitale la plus fréquente est la malocclusion des incisives secondaire à un prognathisme plus ou moins prononcé. Elle est à l’origine d’une élongation anormale des incisives avec les incisives supérieurs qui « bouclent » vers l’intérieur de la bouche et les inférieures qui partent versl’avant ou remontent devant le nez. Ce mauvais positionnement empêche l’animal de se nourrir correctement. La malocclusion congénitale se développe dans les premiers mois de vie de l’animal et n’est pas toujours décelée à l’adoption.Lorsque la malocclusion se développe au-delà de 1 an, elle est en général plutôt acquise : à la suite d’un traumatisme unique (chute) ou répété (mâchonnements compulsif des barreaux de la cage par exemple), d’une fracture d’une ou plusieurs incisives, suite à une élongation anormale des molairesqui entraine l’ouverture de l’angle d’occlusion et à terme entraine un défaut d’affrontement.❖ La malocclusion des molaires, une histoire de nourriture mais pas que !La malocclusion des molaires est une maladie acquise. L’origine communément admise pour cette maladie est, comme indiqué plus haut, un défaut d’usure des dents lié à un manque de fibres dans la ration alimentaire. Une autre hypothèse évoque une carence chronique en calcium et/ou en vitamine D qui serait à l’origine d’une fragilisation des zones d’insertion des dents et une dégénérescence des racines dentaires.Ces différents facteurs entrainent une déviation progressive de la pousse des dents et la création de pointes dentaires qui peuvent, à terme, blesser la langue ou les joues et créer des ulcères. Cela favorise également les infections dentaires pouvant aller jusqu’à l’abcès voire jusqu’à l’infection osseuse.❖ Traitement et pronostic des maladies dentaires.Concernant la malocclusion des incisives, le traitement d’urgence consiste à limer les dents sous anesthésie flash avec une lime rotative pour permettre à l’animal de remanger correctement. En revanche, la coupe des dents à la pince est à proscrire puisqu’elle fragilise un peu plus l’insertion des dents et augmente le risque de fractures dentaires. A court terme, l’extraction chirurgicale des incisives est conseillée car la malocclusion tend rapidement à s’aggraver et la fréquence des limages à augmenter (toutes les 6 à 3 semaines en moyenne).Pour une malocclusion des molaires, la prise en charge est différente puisqu’elle touche le plus souvent l’ensemble de la denture. Le traitement de choix est un limage dentaire sous anesthésie à répéter plus ou moins fréquemment en fonction de la gravité des lésions. Occasionnellement, une extraction dentaire peut être indiquée en cas d’infection d’une racine dentaire.❖ Que faire en prévention ?Pour les maladies congénitales, à part lutter contre la sélection des hypertypes dans les élevages, il n’y a pas de solution préventive. Dans le cas des maladies acquises, la prévention passe par une alimentation adaptée : foin à volonté, accès limité aux granulés, légumes verts fibreux quotidiennement. De plus une ration équilibrée en calcium et un accès à une source d’UV (contact direct au Soleil, lampe UV) peuvent être conseillé pour renforcer l’insertion des racines dentaires.Question curieuse : Sans ses incisives, mon lapin peut-il encore manger ?Oui ! Les incisives servent principalement à cueillir l’herbe. Même sans incisives le lapin pourra attraper sa nourriture avec ses lèvres et sa langue. Certains lapins peuvent avoir besoin qu’on leur coupe leur nourriture en petits morceaux pour les aider à manger, mais, dans la plupart des cas, les lapins opérés sont capables de remanger seuls juste après l’intervention. Références :CROSSLEY DA. Clinical aspects of lagomorph dental anatomy : the rabbit (Oryctolagus cuniculus). J Vet Dent.1995 ;12 :137-140.JEKL V, HAUPTMAN K, KNOTEK Z. Quantitative and qualitative assessments of intraoral lesions in 180 smallherbivorous mammals. Vet Rec. 2008 ;162 :442-449.
02/05/2024 - Conseils du vétérinaire
Castrer un chien c’est le priver de sa capacité à se reproduire, la castration peut être faite à partir de l’âge de 6 mois en fonction de sa race. ❖ Pourquoi le faire castrer ?Avant tout pour qu’il n’ait pas des chiots et donc lutter contre les abandons et le trafic d’animaux. Pour des raisons médicales :Certains chiens ont leurs testicules qui ne sont pas descendues vers l’âge de 6 mois, c’est sans doute une cryptorchidie, un dysfonctionnement héréditaire qui touche 1 à 10 % des chiens mâles. Ces chiens ne doivent pas se reproduire et le testicule rester à l’intérieur peut entrainer des soucis en vieillissant, il faut donc les castrer.Pour prévenir ou traiter les pathologies testiculaires ou prostatiques liées aux hormones (cancer), les abcès et tumeurs des glandes anales. Pour des raisons comportementales :Une libido exacerbée (le chien excité qui se frotte à votre jambe ou sur les coussins), du marquage urinaire (des petits jets d’urine répétés à l’intérieur et à l’extérieur), de l’agressivité envers les autres chiens mâles, des fugues, du vagabondage, des hurlements… La probabilité d’atténuer ou supprimer ce type de comportement est plus élevé s’il est castré à un jeune âge.Attention : Les problèmes de hiérarchie homme/chien ne seront pas résolus avec la castration, seul l’éducation comportementale du chien et de son propriétaire y parviendra. Pour des raisons légales :Les chiens ne 1ère catégorie non inscrit au LOF ( Pitt-Bull, American Staff, Boerbull, Tosa) doivent obligatoirement être castré avant l’âge de 1 an.❖ Les techniques- Ablation des testicules : Chirurgie réalisée sous anesthésie générale et accompagnée d’antidouleurs pendant et après l’intervention. Une collerette est conseillée, des promenades en laisse sans course ni saut jusqu’au retrait des fils pendant 10-15j.- Implants contraceptifs sous cutanés : produisent une infertilité temporaire et réversible, les effets s’estompent après quelques mois.- Vasectomie : section des conduits qui acheminent le sperme jusqu’aux testicules, n’aura malheureusement aucun effet sur les comportements sexuels et est donc peu pratiquée.❖ Pour en savoir plus : les prothèses testiculairesLes implants testiculaires en silicone existent en particulier chez les chiens et surtout aux États Unis. Ces implants ont été créés car certains maîtres vivaient mal la castration de leur chien et non pour redonner confiance à son animal comme a pu prétendre Kim Kardashian lors de la chirurgie de son Boxer. Un marché juteux pour les fabricants.Les prothèses testiculaires sont mises en place par le vétérinaire mais uniquement lorsque la santé de l’animal les justifie. C’est une intervention uniquement esthétique qui n’apportera rien au bien être de votre compagnon et l’empêchera de participer à un examen de confirmation ou concours de beauté. Pour en savoir plus :Les implants hormonaux: https://www.depecheveterinaire.com/le-point-sur-la-sterilisation-du-chien-male-et-l-utilisation-des-implants-de-desloreline_679A4B813263A061.htmlLes prothèses: https://www.lefigaro.fr/assurance/2012/05/30/05005-20120530ARTFIG00689-chiens-chats-les-operations-de-convenance-en-question.phpLa stérilisation du chien:https://fr.virbac.com/home/tout-sante-bien-etre/sterilisation-chien-male-et-mode-de-vie.htmlhttps://www.santevet.com/articles/faut-il-faire-castrer-son-chien-ou-son-chat
02/04/2024 - Conseils du vétérinaire
Les masses sous-cutanées du rat sont souvent d’origine tumorale (tumeur mammaire, lipome…), mais il peut aussi s’agir d’une hyperplasie du tissu mammaire ou encore d’un processus infectieux comme un abcès. Cet article s’intéresse aux tumeurs mammaires. ❖ Les tumeurs mammaires du rat, qui est touché et pourquoi ?Les tumeurs mammaires chez le rat sont fréquemment rencontrées en clinique et se caractérisent par la croissance plus ou moins rapide d’une masse sous-cutanée pouvant se trouver presque n’importe où sur le corps de l’animal. En effet, la distribution du tissu mammaire étant très étendue sous la peau du rat, les tumeurs mammaires ne se localisent pas uniquement à proximité de la mamelle. Elles peuvent se déclarer autant chez le rat mâle que chez la femelle et atteindre une taille pouvant dépasser les 10 cm de diamètre. Chez la femelle la fréquence des tumeurs mammaires est plus élevée chez les individus entiers que chez les stérilisés laissant sous-entendre le rôle des hormones sexuelles dans leur développement. Les tumeurs mammaires malignes représentent moins de 25% des tumeurs mammaires du rat.❖ Quels sont les symptômes observés lors de tumeurs mammaires ?Il s’agit en général d’une masse qui se développe sous la peau, plutôt lisse, sans modification de la peau en regard et non attachée aux plans musculaires plus profonds. Cependant, en fonction de la nature de la tumeur ou de sa localisation, sa surface peut être irrégulière, la peau peut être ulcérée et il peut parfois y avoir des sécrétions lactées. La masse peut être de taille très variable et il n’est pas rare qu’elle grossisse vite (en quelques semaines). Il est donc conseillé de consulter votre vétérinaire avant que la taille ne gêne les déplacements de votre rat ou que la masse n'atteigne des structures fragiles comme l’anus ou l’urètre, les empêchant alors de fonctionner normalement.❖ Comment diagnostiquer une tumeur mammaire ?Lorsqu’un rat présente une masse sous-cutanée, le vétérinaire peut proposer une ponction de la masse à l’aiguille fine et observer les cellules récupérées au microscope. Cela peut notamment permettre de faire la différence entre un abcès et une masse tumorale. Cependant, le traitement recommandé étant l’exérèse totale de la masse, cet examen n’est pas toujours réalisé en pratique.Lors de la suspicion d’un processus tumoral, un bilan d’extension radiographique à la recherche d’éventuelles métastases pulmonaires est recommandé.❖ Quel est le traitement possible ?Le traitement de choix est le retrait total de la tumeur. En fonction de la localisation et de la taille de la masse, la chirurgie peut être rapide et simple ou plus délicate. Par exemple, les masses localisées dans le bas ventre impliquent souvent une partie de l’urètre, du vagin et/ou de l’anus de l’animal et il est parfois difficile de retirer l’ensemble de la masse sans abîmer ces structures. Les sutures sont parfois très étendues et la plupart du temps les fils sont cachés dans la peau afin de limiter le risque que le rat ne ronge ses fils. Il peut arriver qu’une partie de la plaie ne puisse pas être refermée complètement, auquel cas un pansement est mis en place pour protéger les tissus et accélérer la cicatrisation par seconde intention.En raison de la forte prédisposition des femelles entières à développer des tumeurs mammaires, il est recommandé de faire stériliser la ratte lors du retrait de la masse, lorsque c’est possible.❖ Est-ce que c’est une maladie grave ?Après l’intervention, une analyse histologique de la masse est proposée afin de déterminer la nature de la masse : quel est le type de tumeur, est-elle bénigne ou maligne ? Cela permet d’affiner le pronostic et d’anticiper les récidives et de surveiller l’apparition d’éventuelles métastases.Lorsque la tumeur est bénigne, le pronostic est bon, mais sur un animal non stérilisé, d’autres tumeurs pourront potentiellement se développer ailleurs. Lorsque la tumeur est maligne, le pronostic est réservé à sombre en raison du risque de récidives et de métastases qui peuvent être à l’origine d’une dégradation de l’état général du rat voire de sa mort à court ou moyen terme.Question curieuse : Mon/ma rat/ratte est stérilisé.e mais continue d’avoir des tumeurs mammaires, pourquoi ?Lors de récidives fréquentes des tumeurs mammaires bénignes chez un rat, et ce malgré la stérilisation, une tumeur d’une partie du cerveau, appelée l’hypophyse ou glande pituitaire, doit être suspectée. Cette glande est notamment responsable de la sécrétion d’une molécule appelée prolactine qui va activer le fonctionnement du tissu mammaire. Lorsqu’elle est tumorisée, cette glande va sécréter de la prolactine de manière anarchique et entrainer une croissance anormale du tissu mammaire favorisant le développement d’une tumeur. Ce phénomène est appelé « complexe prolactinome ». Cette tumeur du cerveau peut parfois être soignée, de manière temporaire, avec un médicament administré à vie. Mais il n’est pas toujours efficace et la tumeur est vouée à moyen terme à échapper au traitement. Le pronostic de cette maladie est globalement sombre à moyen terme. Références :QUESENBERRY KE, CARPENTER JW. Ferrets, Rabbits and Rodents Clinical Medicine and Surgery. 4th ed. Saunders WB. 2020 : 656pVERGNEAU-GROSSET C, KEEL MK, GOLDSMITH D, et al. Description of prevalence, histologic characteristics, concomitant abnormalities, and outcomes of mammary gland tumors in companion rats (Rattus norvegicus) : 100 cases (1990-2015). J Am Vet Med Assoc, 2016 ; 249(10):1170-1179.
01/03/2024 - Conseils du vétérinaire
Le coryza est un terme général pour désigner en réalité un ensemble de signes cliniques respiratoires pouvant provenir de causes virales ou infectieuses :- Des virus : Herpes virus, Calicivirus et Réovirus- Des bactéries : Chlamydophila, Mycoplasma, BordetellaC’est une pathologie du chat très fréquente (90% des chats seront en contact dans leur vie avec un Herpesvirus, et 80% des chats en collectivité seront en contact avec un Calicivirus), contagieuse, transmissible uniquement entre chats. Il n’y a donc aucun risque pour les humains. ❖ Quels sont les chats à risques ?- Les jeunes chatons de 2 à 12 semaines- Les chats vivant en groupe (chatterie, refuge, semi sauvages…)- Les chats porteurs d’une immunodéficience féline (FIV) ou d’une Leucose- Les chats ayant subi un stress (déménagement, changement de propriétaire, arrivé d’un nouveauchat à la maison…)❖ Quels sont les symptômes ?Le coryza se manifeste par des écoulements oculaires, nasaux, des conjonctivites, des éternuements, de la toux, de la fièvre parfois, et, selon l’agent infectieux (par exemple le calicivirus), des stomatites, des ulcères linguaux et buccaux, accompagnés d’hyper salivation.Si vous détenez plusieurs chats, dès le 1er signe, l’animal infecté doit être isolé. Il est préférable d’utiliser des vêtements et chaussures spécifiques pour aller le voir que vous retirez après sa visite et de vous laver les mains pour ne pas contaminer les autres chats de la maison.Les symptômes se déclarent en général 5 à 7j après la contamination.❖ Quand dois-je consulter ?Si votre chat ne souffre pas d’autres pathologie (ex : fiv, felv…), que les symptômes sont faibles (écoulements clairs, quelques éternuements) et qu’ils n’affectent pas l’état général de votre animal (s’il n’a pas de fièvre et qu’il continue de manger), ses symptômes régresseront le plus souvent dans les 7j, s'ils persistent au-delà, il conviendra de consulter son vétérinaire. En cas de symptômes plus importants, il faut consulter rapidement car le Coryza peut aussi entrainer la mort. Le diagnostic est avant tout clinique mais parfois il nécessitera un diagnostic plus précis par test PCR comme pour la covid humaine.❖ Quels sont les traitements ?Il n’existe actuellement aucun traitement permettant d’éliminer le virus chez le chat infecté, toutefois, en fonction des symptômes présentés il existe tout un arsenal thérapeutique allant des topiques oculaires lors de conjonctivite ou d’ulcères, des nébuliseurs pour fluidifier les sécrétions, des antibiotiques en cas d’atteinte de l’état général ou de secrétions purulentes, des traitements oraux complémentaires ( L-Lysine) pour éviter la multiplication du virus, et parfois en cas de récidive sur des cas graves d’herpes virus : des antiviraux ( interférons, zidovudine). Une hospitalisation sous perfusion et sous sondage naso gastrique est parfois nécessaire dans les cas graves. Le pronostic est bon mais un certain nombre de chats porteurs de l’herpès virus peuvent subir un remodelage de la cavité nasale qui détruit certaines structures et provoque des rhinites chroniques et invalidantes.Un chat guérit du Coryza peut rester porteur de la maladie pendant de longues années et être à nouveau contagieux suite à un stress, une mise à bas ou une maladie.❖ Comment puis-je éviter ce type de maladie ?Le meilleur moyen reste la vaccination. Comme les humains avec le vaccin contre la COVID, celui-ci n’empêche pas d’être infecté ou d’excréter mais il empêche les formes graves. Le vaccin agit contre les calicivirus, la rhinotracheite, et les chlamydias. Il s’effectue à partir de l’âge de 8 semaines en 2 injections espacées de 3 à 4 semaines. Un rappel est nécessaire chaque année.Nous pouvons véhiculer les agents pathogènes sur nos vêtements et nos chaussures, un chat d’intérieur peut donc se contaminer sans sortir, sans rencontrer d’autres chats. Références :- Maladies respiratoires du chien et du chat, Hernandez et Poncez (2012), p.401- Le coryza du chat https://www.fregis.com/fr-fr/chats/fiches-info-sante-des-chats/coryza-chez-le-chatPour en savoir plus :- Le coryza du chat video tony et leonhttps://www.youtube.com/watch?v=EOQf9k5bKFU&t=451s- Réaliser une inhalation https://www.youtube.com/watch?v=iNPLa6aT1Yc
01/02/2024 - Conseils du vétérinaire
La myxomatose est une maladie causée par un virus de la famille des poxvirus du genre Leporipoxvirus. Il a été l’un des premiers virus à être observé et identifié à la fin du 19ème siècle en Amérique du Sud. Sa structure extérieure est proche du virus de la variole. ❖ Quels sont les animaux qui peuvent être touchés par la maladie ?Les lapins du genre Oryctolagus (lapin domestique et sauvage européen) sont particulièrement sensibles à ce virus, et la maladie est en général grave et potentiellement mortelle en fonction du statut immunitaire de l’animal. Les lapins du genre Sylvilagus (lapin sauvage d’Amérique du Nord que l’on retrouve aussi un peu dans le milieu naturel en Europe) sont moins sensibles et ne développent en général qu’une masse tumorale cutanée bénigne appelée fibrome. Les lièvres peuvent être touchés par la myxomatose mais de manière très anecdotique.❖ Comment le virus se transmet-il ?Le virus peut se transmettre par inhalation de particules virales en contact direct avec un lapin sauvage ou domestique infecté ou de manière indirecte par le biais d’insectes piqueurs comme les moustiques, les puces ou les cheyletielles par exemple. La population de lapin sauvage est un réservoir du virus etles pics endémiques correspondent aux périodes où les insectes piqueurs sont les plus nombreux (au début du printemps et de l’automne en général, lorsque le climat est doux et humide). Le virus peut résister plusieurs mois dans l’environnement et bien qu’il soit relativement résistant aux températuresextrêmes (résiste à des températures de plus de 60°C et à la congélation), il est sensible aux UV et à beaucoup de désinfectants usuels, dont l’eau de Javel à 10%.❖ Quels sont les symptômes observés lors d’une myxomatose ?Le temps d’incubation est d’environ 4 à 5 jours. Typiquement la myxomatose est à l’origine de la formation de petites masses sous-cutanée qui peuvent se développer partout sur le corps, mais les pourtour des orifices sont particulièrement touchés : le tour des paupières majoritairement, les narines, les lèvres, la zone ano-génitale. Il est possible d’observer un gonflement des paupières avec un écoulement purulent. Ces signes peuvent être accompagnés de symptômes respiratoires secondaires à une broncho-pneumonie et des symptômes plus généraux comme de l’abattement, une anorexie ou de la fièvre. Sur un individu non-immunisé, la maladie évolue quasi exclusivement vers la mort en une dizaine de jours, même avec une prise en charge médicale. Dans ce cas de figure, la guérison est excessivement rare mais lorsque c’est le cas, les lésions mettent 6 à 8 semaines à disparaitre.Il existe une forme amyxomateuse, qui se caractérise par des symptômes exclusivement respiratoires. Cette forme se développe principalement lors d’une contamination par un aérosol (inspiration des particules virales). Chez des lapins vaccinés ou avec une immunité partielle, la maladie peut parfois se développer mais sous une forme moins sévère et non-létale. Les symptômes cutanés régressent alors en quelques semaines. Les très jeunes lapins sont en général très sensibles et meurent plus rapidement que les individus plus âgés.❖ Comment diagnostiquer la maladie hémorragique du lapin ?Il est possible de diagnostiquer la maladie du vivant de l’animal avec une PCR sur un écouvillon des muqueuses des zones les plus atteintes (muqueuses conjonctivales, nasales, vaginales préputiales ou anales) ou sur une biopsie de lésion cutanée. Post-mortem, une analyse histologique peut également être réalisée.❖ Quel est le traitement possible ?En l’absence d’immunité, le traitement est malheureusement vain dans la très grande majorité des cas. Il s’agit essentiellement d’un traitement de soutien (gestion de la température corporelle, alimentation et abreuvement assistés, perfusion) et d’un traitement symptomatique adapté (traitement antibiotique pour lutter contre les surinfections bactériennes notamment). Eventuellement, un traitement antiparasitaire externe doit être administré si des parasites sont visibles sur la peau ou le pelage. Dans les cas les plus sévères, ou en cas de dégradation en hospitalisation, une euthanasie peut être conseillée pour ne pas laisser le lapin souffrir.❖ Comment peut-on prévenir la maladie ?Seule la vaccination permet de prévenir la maladie. Il existe dorénavant un vaccin trivalent permettant de vacciner contre la myxomatose ainsi que les deux variants de la maladie hémorragique en une seule injection annuelle. Les effets secondaires sont rares et consistent le plus souvent en une réaction localeau point d’injection. L’apparition de myxomes au niveau de la face est possible mais rare. Cette manifestation, qui n’est à ce jour pas expliquée, est bénigne et les lésions disparaissent en quelques semaines. Tout effet secondaire de ce type doit faire l’objet d’une déclaration de pharmacovigilance auprès du laboratoire par le biais de votre vétérinaire. Le protocole vaccinal peut être adapté en fonction des vaccins que le lapin a reçu au préalable ou de son état de santé. La balance bénéfice/risque peut être discutée en consultation.Question curieuse : La myxomatose peut-elle avoir des répercussions sur la fertilité des lapins ?Oui ! Cela a notamment été vu chez les mâles lors des cas de myxomatose touchant les parties génitales. L’inflammation locale prolongée augmente la température au niveau des testicules ce qui entraine la mort des spermatozoïdes. Ainsi, si le lapin survit, il peut être stérile pendant plusieurs mois après l’infection. Références :QUESENBERRY KE, CARPENTER JW. Ferrets, Rabbits and Rodents Clinical Medicine and Surgery. 4th ed.Saunders WB. 2020 : 656pVARGA M. Textbook of rabbit medicine. 2nd ed. Butterworth Heinemann Elsevier. UK. 2014 :494p.